Success story

octobre 17, 2010 § Poster un commentaire

La Carte et le territoire, de Michel Houellebecq, éd. Flammarion

Oncle Bernard (Charlie n°953) se demande pourquoi les filles n’aiment pas Houellebecq. Une réponse facile serait, à la Desproges: « je n’ai rien contre les racistes, c’est le contraire ». Mais ce n’est même pas vrai: grosso modo, sur son dernier bouquin, tout le monde aime Houellebecq, garçons et filles, de gauche à droite. La carte et le territoire est proclamé chef-d’oeuvre par, dixit Les Inrocks, toute « la critique sérieuse »: au nom du goût uber alles. Heureusement, Charlie n’ayant pas vocation à se prendre trop au sérieux, on peut encore y hausser les épaules. La carte et le territoire se situe entre le traité sur l’art contemporain, un collage de critique littéraire et artistique, et la chronique du succès annoncé d’un jeune peintre photographe, avec nombre des passages obligés, et la mièvrerie qui va avec, d’une bonne saga. Le second degré a bon dos: « Quelques secondes peuvent suffire si ce n’est à décider d’une vie, du moins à révéler le caractère de son orientation principale. [Olga, la sublime Russe] posa une main légère sur l’avant-bras du présentateur, prononçant une parole d’excuse, en quelques bonds elle fut devant Jed et l’embrassa à pleine bouche. Puis elle s’écarta, le prenant par les mains, pendant quelques secondes ils demeurèrent silencieux. » Le goût, la profondeur? Mais, arrivé à la troisième et dernière partie du roman, un petit saut de côté et on plonge dans autre chose, plus obscur, avec une réjouissante fantaisie macabre, qui ne manque pas d’humour et, pour le coup, de mystère et de profondeur. Mais est-ce cela qui fait le succès unanime du nouveau Houellebecq? Pas sûr.

Article publié dans Charlie Hebdo n°955

 

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